Malgré les apparences, ce jeune homme blondinet au style un peu dandy avec son costume trois pièces est un véritable personnage. Trip Magazine a rencontré Malory Legardinier : Malo’ pour les amateurs du milieu scénique. Il n’a que 20 ans et joue déjà dans la cour des grands, les français ont notamment pu le découvrir grâce au titre « Paradise » réalisé avec la jeune chanteuse belge Noa Moon. Avec sa voix apaisante, douce, surprenante, ce jeune talent franco-australien, au premier album « The Old Way », à l’EP (extended play) « Let it go » et au second album bientôt en vente « Be/Etre » a su conquérir le public récemment lors des premières parties de la tournée française de Charlie Winston. C’est suite au concert donné à Lyon le 3 avril que Trip Magazine vous fait part de sa rencontre avec Malo’.

Trip magazine : Dans quel style musical t’inscrirais-tu ?

Malo’ : Je dirais folk, indie pop… Mais c’est un peu aux gens de savoir dans quels critères ils me définissent. Moi je ne sais pas vraiment quand j’écris mes chansons, je ne me dis pas : « ah ben tiens je vais faire une chanson pop, une chanson folk… » Je laisse juste libre court à mon imagination !

Trip magazine : Quel est ton histoire ? Comment est née ta passion pour la musique ?

Malo’ : Je fais de la musique depuis très jeune. J’ai écrit mes premières chansons à 7 ans, qui ressemblaient plus à du yaourt français anglais, c’était assez marrant. Et c’est à cet âge-là que j’ai fait ma première apparition sur scène d’ailleurs. J’ai commencé à travailler dans des studios quand j’avais 10 ans. La musique vient aussi de mon père, avec qui j’ai grandi en France, qui était lui manager de groupe, et avec lequel je suis beaucoup parti en tournée.  C’est là qu’est venu mon désir de faire de la musique et d’avoir cette force de créer un moment avec des gens, même si celui-ci ne dure que 3 minutes. J’ai rencontré aussi une personne dans ma vie qui s’appelle Stéphane Bruscolini, elle m’a tout appris en termes de production, de réalisation d’albums, etc.

Arrivé à 17 ans, alors que je me trouvais en Australie, j’ai eu envie de faire mon album, j’avais plein d’inspiration, je me suis enfermé dans ma chambre pendant deux mois et j’ai tout enregistré seul : le piano, la basse, la guitare… La relation avec les instruments est vraiment forte pour moi.

Ensuite, je suis revenu en France pour travailler avec des maisons de disque. J’ai aussi rencontré Noa Moon, une artiste belge que j’ai rencontré en studio et avec laquelle j’ai enregistré la chanson Paradise. Cela m’a permis de compléter mon album que j’avais fait à 17 ans, qui était pour moi un brouillon, mais pour d’autres quelque chose d’assez professionnel.

Trip magazine : As-tu déjà eu une expérience dans le domaine musical au sein d’un groupe avant de te lancer dans une carrière solo ?

Malo’ : Non, j’ai toujours été assez solitaire… J’ai toujours souhaité faire ma musique, même si j’adore travailler avec d’autres personnes. Même avec Charlie Winston ! Travailler avec lui sur son album, c’était une grande expérience, mais j’aime exprimer ce que j’ai envie d’exprimer. Je ne le fais cependant pas seul, car je suis accompagné de mes deux meilleurs amis, Florian à la basse et Barthélémy à la batterie. Puisque j’ai toujours été seul à composer mes musiques, je n’avais pas envie de me lancer dans un groupe… Mais peut-être plus tard.

Trip magazine : Tu dois avoir des influences musicales diverses, quelles sont-elles ?

Malo’ : J’en ai pas mal. Australiennes d’abord avec Deep Sea Arcade, qui est un groupe assez frais, assez cool ; anglaises avec Charlie Winston bien sûr, Coldplay, Foster the people… Françaises aussi, avec Gainsbourg par exemple en termes de poésie, mais il y a tellement de groupes en France (rire) !

Trip magazine : Tu voyages beaucoup, et ceci se retrouve dans tes chansons et tes clips… Nous pouvons prendre l’exemple de ton album « The Old Way » sorti en 2011 et enregistré en Australie, qui reflète un peu ta vie quand tu avais seulement 17 ans. Serait-ce une autre de tes inspirations ?

Malo’ : Oui, les voyages font vraiment partie de mes inspirations ! J’adore rencontrer de nouvelles personnes à chaque fois. J’ai voyagé en Australie, et passé un peu de temps en Italie aussi ces dernières années. J’en parle beaucoup dans mes chansons mine de rien ! Les voyages, c’est ce qui fait une vie ! Je veux partager l’idée qu’il faut réaliser ses rêves à tous prix, avant que notre vie se termine, on ne sait jamais quand est la fin.

Trip magazine :  Quand tu écris tes chansons, à qui t’adresses-tu en particulier ?

Malo’ : Je m’adresse à mon public d’une façon assez personnelle puisque mes chansons sont souvent reliées à mes émotions et à des moments que j’ai pu vivre dans ma vie, et aussi au fait que j’ai rencontré ma mère à 17 ans sans l’avoir vraiment connu avant. Ces chansons peuvent parler d’amours que j’ai pu connaître aussi, au bonheur de la vie…

Trip magazine : Que ressens-tu avant de monter sur scène et pendant le show ?

Malo’ : C’est assez mystique ce que je ressens avant de monter sur scène, c’est une excitation permanente ! Le fait qu’il y ait mille personnes dans la salle connectées au même moment en un lieu, pour moi, c’est comme quand tu as 15 ans, et que tu organises une grande soirée. Ce sont des personnes qui viennent pour s’évader et vivre quelque chose d’unique quelque part. Sur scène, je ressens quelque chose de très fort que probablement les gens me donnent. C’est donnant-donnant ! Chaque concert pour moi est différent, chaque public l’est aussi.

Trip magazine : Tu as passé ton enfance dans la musique, en suivant ton père sur scène, puis tu as enregistré ton premier single à seulement 16 ans et aujourd’hui, tu es en concert lors des premières parties de Charlie Winston, ça doit être épuisant ! Quel est le mode d’emploi pour tenir le rythme ?

Malo’ : Je mange beaucoup de légumes verts !! (rires) J’essaye d’avoir une vie relativement saine, l’époque rock and roll pour moi, à se droguer et boire, c’est un peu « has been »… Aujourd’hui, une vie équilibrée est vraiment indispensable pour assurer une tournée ! Avec Charlie, on a d’ailleurs un rituel ensemble, on se fait souvent des jus qui peuvent paraître dégueulasse, mais c’est super bon ! Tu mélanges du céleri avec de la pomme, tu peux mettre du gingembre, de l’orange… On fait un concentré de vitamines avant de rentrer sur scène. Bien manger, bien dormir, garder une vie saine, ce sont les clés d’une bonne tournée.

Trip magazine : Comment gères-tu la pression ?

Malo’ : Je n’essaye pas de penser à cette pression-là ! C’est vrai qu’il y en a, mais en général, un manager gère ça. Le mien essaye de me mettre des barrières, et veille à ne pas trop m’y exposer. Je me concentre principalement sur l’écriture de mes chansons, en ayant pour objectif de créer une histoire avec le public… Personnellement, la pression, je la gère en faisant du sport et en écrivant. J’ai toujours mon carnet avec moi sur lequel j’écris des mots, des paroles… Ce serait les deux choses principales, en effet.

Trip magazine : Pour ton premier single « Les Rêves » de ton album Be/Etre, tu as eu la chance de recevoir l’aide de Jean-Louis Aubert. Comment la qualifierais-tu pour ta carrière et pour ton enrichissement personnel ?

Malo’ : Il y a quelques mois, j’ai en effet rencontré Jean-Louis, et nous avons travaillé 4 semaines sur ce single ! En fait, il m’a aidé pour la partie française de l’album, qui est un mix de ce que j’ai pu vivre en Australie et en France. Il y aura peut-être 5 titres français et 5 titres anglais… Pour ces derniers, Charlie m’aide ! Et c’est vraiment une chance incroyable d’être en collaboration avec ces deux grands noms de la chanson française et anglaise.

Cette chance est un signe du destin. Si j’en suis arrivé là, c’est parce que je me suis dit : il faut vraiment que je fasse un album, peu m’importe si il est écouté par deux personnes ou par cent mille, c’était pour moi juste une grande envie ! Tout est possible dans la vie encore une fois. Si on s’en donne les moyens, on peut arriver là où on a envie d’arriver. Avoir rencontré ces deux personnes m’a donné une énorme leçon, et ce fut la meilleure école ! Jean-Louis et Charlie ont beaucoup de choses en commun sur la façon dont ils se donnent au public, ils sont vraiment honnêtes, et c’est pour moi la chose la plus importante.

Trip magazine : Jean-Louis est donc ton parrain français… Mais Charlie Winston semble être ton parrain anglais. Est-ce qu’il te donne certains conseils parfois ?

Malo’ : Il me donne des conseils oui, que ce soit sur la façon de regarder les gens, d’appréhender la foule… C’est un grand Show Man, et ça fait longtemps qu’il fait des concerts. Il a un esprit artistique que j’ai aussi, et ça nous a rapproché. Il m’a appris à être honnête encore une fois avec son public, et se donner !

Trip magazine : D’après un article des Inrocks, tu peux écrire 32 chansons en 3 mois, en retenir 12 et les arranger puis les interpréter ! Quel est ton secret ?

Malo’ : (rires) Je n’ai pas vraiment de secretMême si ça peut paraître bizarre, il est vrai que je peux aller très vite. Je ne suis pas cinglé, mais c’est comme si je rentrais en transe quelques fois. J’essaye de m’écouter un maximum. Il est important quand tu écris d’être seul pour savoir qui on est et où on a envie d’aller !

Je produis vite aussi car je suis dans ce monde depuis que je suis petit. La technologie m’aide vraiment, j’adore écrire mais également construire tout ce qu’il y a autour. Je fais 75% en général de la production seul, puis le reste se fait en studio. Il m’arrive aussi de vouloir faire tout les instruments présents dans ma chanson ! Je n’ai jamais fait de conservatoire, ni pris de cours, c’est juste le fait de passer du temps seul avec les instruments et de les bidouiller qui m’a fait apprendre. Je me suis donc mis à la guitare, au piano, à la basse, à la batterie. Quand j’étais petit, j’étais très fan de Nirvana et jem’amusais à reprendre les lignes de basse dans ma chambre. Puis à 16 ans, j’ai rencontré Angus et Julia Stone, et c’est eux qui m’ont donné envie de prendre une guitare et de composer. La relation avec l’instrument est vraiment magique ! Un instrument, c’est quelque chose de neuf, de vierge, et ton cerveau n’est pas du tout adapté à ça, mais c’est super excitant je trouve.

Trip magazine : Penses-tu que ton prochain album « Be/Etre » sera bien accueilli par la critique ?

Malo’ : Il sortira peut être en octobre ou novembre. Je ne sais pas du tout si il le sera car quand on sort un album, c’est toujours une nouvelle histoire que l’on écrit, et je suis très impatient que les gens puissent l’écouter et se retrouver dans mes chansons. Certes j’aimerais que mon album soit bien accueilli et qu’il y ait une osmose qui se crée, mais en tous cas, j’ai tout donné pour cet album ! Il est ce que je suis aujourd’hui…

Trip magazine : As-tu une anecdote à nous raconter sur un concert, lors d’un enregistrement ?

Malo’ : J’aurais une anecdote récente sur la date de mon concert à Lyon avec Charlie le 3 avril.  Charlie avait été malade, c’est pour cela qu’il n’avait pas pu assurer ses deux dates à la Cigale, et il a contaminé tout le monde ! J’ai donc chopé sa maladie, et à Lyon, j’avais une fièvre pas possible, avec mon costume trois pièces, plus les lumières… Même si j’avais peur que ma voix flanche, j’ai quand même pu faire le concert. C’était donc assez magique et marrant ! Ce que j’en ai retenu, c’est que l’humain est quand même extraordinaire, car l’adrénaline que tu chopes en entrant sur scène guérie tout ! Lyon a été la date la plus difficile à faire pour moi… Mais le public te donne vraiment, que tu veux lui donner encore plus.

Propos recueillis par Aline Julliat.

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