Sur scène :  une table, quatre chaises, une bouteille de vodka, une rose et trois personnages endormis, ronflant à plein poumons… Une soirée bien arrosée me diriez-vous ?  Ils sont quatre, mais n’en manquent pas une…Les Sourds-Doués jouent dans leur spectacle aussi bien avec  musiques et pitreries et mélangent les registres, « allant du Baroque à Pharell Williams mais aussi du tango, du jazz à Piaf », ces quatre personnages nous plongent dans un univers musical décapant  ! Associant humour, joie et mélancolie, ils amusent la galerie le temps d’une rencontre musicale qui fait du bien aux oreilles.

Adrien Besse est à la clarinette et Pierre Pichaud à la trompette. Ce sont les co-fondateurs du projet. Nicolas Josa est au cor et Emilien Vérét à la clarinette basse. A tous les quatre, ils forment le groupe Les Sourds-Doués, un nom assez atypique, « pas simple à trouver » nous avouent-ils.  Il viendrait d’un jeu de mots et d’une référence cinématographique du film « les Sous Doués ». D’autres éléments ont visiblement penché en faveur de ce nom, mais ils resteront secrets :  « peut-être pour un prochain spectacle ! ».

Un quator attachant

Une vraie relation d’entraide, de travail, et musicale s’est créée pour mettre en place ce spectacle. Chacun s’est réparti le travail. Adrien  est le fondateur de la boîte de production Chapeau l’Artiste, il gère tout le plan administratif, la communication, la diffusion… C’est le producteur du groupe. Pierre est son associé. Il compose, arrange les morceaux, c’est la pâte musicale de la formation. La mise en scène quant à elle est coopérative, tout le monde s’y met. Les morceaux sont tout aussi techniques les uns que les autres, la mise en scène est humoristique, mélancolique et  touchante, les idées ne manquent pas…

Très vite, une relation avec le public se crée ! Chaque musicien va dévoiler une partie de son personnage : Adrien, romantique avec sa rose, nous livre un poème touchant malgré son statut de chef, menant les troupes au bout du bec de sa clarinette ; Pierre, fidèle à lui-même car « très blagueur dans la vie » est le perturbateur et le farceur ; Nicolas, timide, n’est pas très volontaire et essaye de suivre les copains ; et enfin Emilien semble être la tête en l’air, « souvent avec un train de retard » ! Pour les reconnaître, il suffit d’observer leur cravate. A l’origine d’une « petite blague de la part de Pierre qui avait raccourci au maximum sa cravate pour faire rire les copains », l’idée des cravates allant de la plus petite à la plus grande est de rigueur et chacun arbore fièrement la sienne. Un bon groupe, où l’humour et la farce prédominent, mais qui laisse malgré tout de la place à des “notes” mélancoliques.

« Laissez votre télé éteinte, elle n’a pas besoin de vous, le spectacle vivant si ! Merci »

Ces moment mélancoliques, joyeux et musicaux, comme tous les autres, ont besoin de vivre et d’être vécu ! Un public est donc apprécié et obligatoire. Les Sourds-Doués, comme beaucoup d’autres groupes, plaident ainsi pour la cause des intermittents du spectacle, tout simplement parce qu’eux même le sont : « Nous sommes des artistes, avec un statut de chômeur à mi-temps. Ce système unique en Europe permet aux artistes d’avoir une allocation pendant le temps de création. Et comme dans tous systèmes, il y a des abus de la part des artistes et des politiques, il faut ainsi y veiller et en prendre soin car ça pourrait tuer la culture un de ces jours ! » témoignent les membres du groupe.

Alors, prenez place dans votre fauteuil et laissez-vous entraîner par la douce mélodie de la trompette, de la clarinette, de la clarinette basse et du cor ! Et comme le dirait à la fin du spectacle Adrien : « Laissez votre télé éteinte, elle n’a pas besoin de vous, le spectacle vivant si ! Merci ».

Aline Julliat
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