C’est un sujet épineux qui s’est invité à la table des représentants occidentaux. Depuis la découverte de sites nucléaires par l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) en 2002, l’Iran est soumis à des sanctions internationales. Son programme nucléaire effraie: beaucoup l’ont accusé de tenter d’obtenir des armes de destruction massive. Pourtant, depuis deux ans maintenant, des changements se font sentir sur la table des négociations, amenant la date butoir du 30 juin prochain pour la signature d’un accord final.

Le scandale de l’uranium enrichi

La seconde guerre mondiale s’est soldé par l’utilisation d’armes de destruction massive, comme l’arme atomique, tout juste mises au point. Afin d’éviter une nouvelle catastrophe,  les institutions internationales mettent en place l’AIEA afin de promouvoir le développement du nucléaire civil dans un but pacifique. Pour cela, la nouvelle organisation installe un système de surveillance des essais nucléaires, demandant aux Etats membres de détailler leur programme nucléaire. En 1968 l’Iran signe le traité de non-prolifération des armes nucléaires. Pourtant, en 2002, un dissident au régime révèle l’existence d’un programme d’enrichissement de l’uranium à 20% (taux utilisé pour les armes atomiques) contre 3 à 5% pour les centrales nucléaires civiles. L’année suivante, l’AIEA transmet un rapport aux institutions internationales. Les pays membres, dont l’Union européenne, demandent alors des comptes à l’Iran, sous peine de sanctions. En novembre 2004, le gouvernement de Téhéran annonce la fin du programme d’enrichissement, mais cette dynamique positive change dès les élections présidentielles de juin 2005. Le nouveau président, Mahmoud Ahmadinejad, rompt le discours avec l’ONU. L’Iran relance en 2007 sa production d’infrastructures nucléaires puis accélère sa production d’uranium enrichi en 2010. Les sanctions économiques des puissances occidentales tombent alors. Le 1er juillet 2011, elles décrètent un embargo sur le pétrole iranien. C’est un véritable désastre financier pour le pays.

Le tournant de 2013

Le président Rouhani, élu en Juin 2013, avait promis de sortir de l’impasse nucléaire. Face à l’échec des négociations entreprises auparavant par le conservateur Saïd Jalili, le candidat modéré a su séduire 51,7% de la population iranienne. Parvenir à un accord, c’est acquérir un capital politique important, gagner en crédibilité. Les iraniens vivent en effet sous la contrainte des sanctions économiques des puissances occidentales. En effet, l’embargo interdit tout enrichissement du pays par le biais du pétrole – l’une de ses principales ressources. Il se retrouve alors condamné à effectuer un “troc” de ressources contre des matières premières pour survivre. Afin de tourner la page de cette décennie douloureuse et enfin s’ouvrir au développement économique, le nouveau président se dit prêt à ouvrir des négociations sérieuses avec les puissances mondiales. En novembre 2013, un accord est signé, des sanctions commerciales sont levées ou allégées. Il pose les bases de futures négociations qui scelleront un accord final en 2015.

L’accord de la semaine du 26 Mars 2015

Les cinq pays membres du conseil de sécurité de l’ONU (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Chine et Russie), ainsi que des représentants allemands, se sont réunis à Lausanne, en Suisse, afin d’ouvrir de nouvelles discussions avec l’Iran pour assurer la signature d’un accord définitif en juin 2015. Il ne s’agit pas d’obliger le pays a ratifier un traité, mais bien à ce que des décisions soient prises et appliquées. Ainsi, pour la première fois, les accords se veulent “gagnants-gagnants”. Le 1er avril 2015, tous les pays participants s’annoncent soulagés après huit jours de discussions. Selon John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, l’accord fut celui-ci: les sanctions européennes et américaines seront levées si l’Iran réduit ses stocks d’uranium enrichi de 98% pendant 15 ans ainsi que le nombre de ses lieux de production de plus de 60%. Ces décisions posent les bases de l’accord final de la date butoir du 30 juin 2015.

Ce qu’il faut attendre de l’accord définitif

À terme, le traité devrait inclure la levée progressive des sanctions économiques qui sévissent depuis une dizaine d’années en Iran, en contrepartie de la surveillance de son programme nucléaire par l’AIEA. Les puissances occidentales ajoutent cependant que ces mesures pourront être remises en place à tout moment si le pays manque à ses obligations. Le président Rouhani y voit une renaissance pour son pays. Celui-ci se verra de nouveau inscrit dans les échanges mondiaux et non plus isolé. C’est selon lui la condition « d’une croissance stable pour les années à venir ». Le pays pourra enfin s’enrichir, vendre son pétrole et assurer une vie meilleure à ses citoyens. Déjà, sa croissance est estimée à 8% dans le cas où toutes les sanctions seront levées. C’est l’espoir de sortir de la misère et de l’injustice. Pourtant, des voix se font entendre parmi ses voisins frontaliers qui ont eu l’impression d’être laissés de côté durant les négociations. Israël, par la voix du premier ministre Netanyahou, s’oppose à ces négociations, sous prétexte que l’Iran ne respectera pas les termes du contrat. D’autres pays craignent que cela déséquilibre la balance du pouvoir régional, déjà fragilisée par des conflits incessants.

À quelques semaines de l’accord final du 30 juin prochain, les négociations paraissent annoncer une issue favorable, tant pour l’Iran que pour le reste du monde. Pour les puissances occidentales, c’est un possible camarade dans la guerre contre le terrorisme au Moyen Orient, mais également un garnement à surveiller. Pour le peuple iranien et sa jeunesse, c’est l’espoir de voir changer les choses.

Pauline Parisse

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