Israël a décidé, suite aux évènements sanglants qui jalonnent le pays depuis deux semaines, d’installer des barrages autour de Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la ville, occupée et annexée par les Israéliens. Les attaques du mardi 13 octobre n’ont fait qu’alimenter un climat de terreur parmi la population, après la mort de trois personnes. Des images, particulièrement choquantes renvoient aux attaques au couteau répétées depuis le début du mois d’octobre.

Réunis en cabinet de sécurité dans la nuit de mardi à mercredi, l’exécutif israélien a donc donné son accord pour « boucler » ce quartier de Jérusalem. Il s’agit pour le gouvernement de « renforcer le nombre de policiers ainsi que pour adjoindre des soldats à la sécurité en Israël, notamment le long de la barrière de sécurité ». Cette mesure est loin d’être anodine, puisque Jérusalem-Est représente plus d’un tiers de la population de la ville sainte, soit environ 300 000 habitants.

Le cloisonnement du quartier le plus populaire et stigmatisé de Jérusalem était réclamé depuis des mois par le maire de la ville comme mesure d’urgence face à la recrudescence de violence dans l’Etat hébreu, et particulièrement dans la ville sainte. Par ailleurs, l’extrême-droite israélienne estime d’ailleurs que cette mesure ne va pas assez loin, et souhaiterait l’étendre à l’ensemble de la Cisjordanie. Cette décision reflète bien l’état d’esprit dans lequel se positionne une partie des citoyens israéliens vis-à-vis de la minorité arabe et musulmane de leur pays : la paranoïa s’installe encore un peu plus dans un pays pourtant déjà soumis en permanence à des tensions, alors que certaines attaques, ont été menées par des musulmans de citoyenneté israélienne. Cette dernière marginalisation du quartier arabe de la ville sainte déjà fortement stigmatisé par une partie de ses habitants risque manifestement d’accélérer la crise identitaire et religieuse en Israël, alors qu’une partie de l’opinion publique voit déjà en cette vague d’attaques la troisième Intifada.

Geoffrey Grandjean