La courbe des rendements représente les différents niveaux de rendement des obligations à mesure que les échéances s’allongent. Lorsqu’elle est normale et croissante, l’économie qu’elle dépeint est alors saine. Les investisseurs s’attendent à ce que les taux d’intérêt augmentent et sont optimistes quant à l’avenir du pays. Les taux pour les obligations de longue durée sont supérieurs à ceux des obligations de courte durée. Tandis que lorsqu’elle est plate, cela indique que les taux longs sont au même niveau que les taux courts. Il n’y a pas de compensation pour le risque additionnel qu’implique un investissement à long-terme. Cela indique souvent que l’économie est en transition.

Une courbe de rendements décroissante (inversée) signifie que l’avenir économique du pays s’annonce difficile. Quand la courbe est ainsi, les taux longs sont inférieurs aux taux courts car l’incertitude est de mise. Les investisseurs prédisent alors une chute prochaine des taux d’intérêt et n’investissent plus à long-terme.

Dans l’histoire des Etats-Unis, une courbe des rendements inversée est souvent suivie d’une période de récession dans les 18 mois suivants. La dernière fois que la courbe était inversée date d’août 2006, soit plus d’un an avant la crise de 2007. La récession de 2001 avait aussi été annoncée par une courbe inversée en avril de l’année 2000. Il n’est arrivé qu’une seule fois, en 1966, qu’une courbe inversée ne soit pas suivie d’une récession. Dans le graphique ci-dessous, deux courbes de rendements sont présentées. La première date d’août 2006 et la seconde d’avril 2016. La confiance semble donc bel et bien revenue aux Etats-Unis et la courbe des rendements ne montre aucun signal de récession future.

Grâce à la différence entre les taux longs et les taux courts, il est possible de calculer la probabilité d’une récession. Si la différence est positive, la probabilité d’une récession est faible. En revanche, si la différence est nulle, la probabilité est autour de 25%. Si la différence est négative, dans le cas où les taux longs sont inférieurs aux taux courts, la probabilité est d’au moins 30%. Le 1er avril 2016, la différence était de 2.21 aux Etats-Unis, ce qui équivaut à une probabilité de moins de 5%.

Le Canada n’est quant à lui pas exempt de toute inquiétude. Sa courbe de rendements était inversée le 9 février 2016, et il s’agit de la deuxième fois depuis la courbe inversée du 29 janvier 2015. Une récession future est-elle à envisager ?

Vincent Harion.