Au cours de ces dernières années, un débat a animé les économistes et les représentants politiques canadiens à propos de l’assouplissement quantitatif ou « Quantitative easing » (QE) : doit-il être encouragé pour stimuler l’économie canadienne ? Cette mesure, prometteuse sur le papier, peut se révéler inefficace dans la pratique, en fonction de l’état actuel de l’économie locale.

Le Quantitative easing est une politique monétaire non conventionnelle, par opposition aux politiques monétaires traditionnelles telles que la manipulation des taux d’intérêt. Les politiques traditionnelles fonctionnent lorsque l’économie ne traverse pas de crise. Idéalement, la banque centrale abaisse ses taux d’intérêt et les banques privées suivent son exemple et abaissent les leurs. Cependant, lorsque l’économie est en crise, elle crée une trappe à liquidité : si la banque centrale abaisse ses taux d’intérêt, les banques privées ne suivent pas, ce qui se produit généralement si les taux d’intérêt nominaux sont déjà proches de zéro. Dans cette situation, où les méthodes traditionnelles échouent, la banque centrale peut opter pour un Quantitative easing . Le QE peut s’effectuer à travers l’achat d’obligations d’État par la banque centrale : il a pour effet de réduire les taux d’intérêt auxquels les banques privées prêtent à l’État et augmente la masse monétaire.

Cependant, le QE ne garantit pas de résultats et présente quatre défauts. Tout d’abord, le Quantitative easing n’est pas viable à long terme : il devient inefficace avec le temps lorsque les politiques monétaires cessent d’avoir un impact sur l’économie réelle. Deuxièmement, le processus de transmission de QE est inefficace si différentes banques centrales le mettent en œuvre simultanément. Troisièmement, le Quantitative easing peut conduire à des bulles d’actifs. Et enfin, le QE peut impacter la confiance des investisseurs et donc affaiblir la volonté des gouvernements de poursuivre les réformes nécessaires.

L’arrêt du Quantitative easing peut aussi s’avérer difficile. Si le processus de désactivation du QE est trop lent, il peut conduire à l’inflation et / ou à la création de bulles spéculatives. S’il est trop rapide, il peut amener à une forte augmentation des taux d’intérêt, ce qui peut ralentir le rétablissement de l’économie.

Depuis la crise financière mondiale de 2008, la Fed a fait appel à plusieurs reprises à des mesures Quantitative Easing pour redresser l’économie américaine, en achetant des obligations d’État et des titres adossés à des créances hypothécaires, comme en novembre 2008 ou elle achetait 100 milliards de dollars d’obligations d’État et 500 milliards de créances hypothécaires. Puis en mars 2009, la Fed à nouveau acheté 850 milliards de dollars de nouveaux titres et 300 milliards de dollars de bons du Trésor à plus long terme. Le montant cumulé des achats de la Fed s’élevait à 4000 milliards de dollars en décembre 2013 et depuis lors la Fed a diminué progressivement ses dépenses mensuelles jusqu’à annoncer en octobre 2014 qu’elle mettait fin au programme de Quantitative Easing.

 

Le Quantitative easing est utilisé pour relancer la croissance économique du pays et éviter une stagnation des prix. Il est donc utilisé pour stimuler l’activité économique d’un pays, mais de toute évidence, les résultats ne sont pas garantis et il y a beaucoup de limites, qui dépendent souvent du contexte local. L’application de mesures de Quantitative easing dans l’Union Européenne serait par exemple moins appropriée qu’aux États-Unis, dans la mesure où les ménages y possèdent moins d’actions. En outre, ils ne seraient pas aussi positivement affectés par la hausse de la valeur des maisons parce qu’elle ne leur permettra pas d’emprunter plus et donc de consommer plus. La baisse des taux d’intérêt va cependant réduire les revenus des investisseurs, ce qui tend à réduire leur consommation. Par conséquent, le QE ne serait pas aussi efficace pour l’économie européenne parce que, contrairement à ce qui se passe aux États-Unis, les banques jouent en Europe un rôle plus important que les marchés financiers

Vincent Harion.